Problèmes de chronologie
néo-centurique.
Par Jacques Halbronn
Avant propos
Les quarante études qui suivent ont été
rédigées, au cours de l année 2011. Elles reflètent
l’état actuel de nos recherches et de nos réflexions
mais ne sauraient se substituer intégralement à nos
précédents travaux dont l’ampleur est bien plus
considérable tant sous la forme de mémoires
universitaires que de diverses publications « papier »
ou que d’articles parus sur différents sites.
Il ne s’agit pas non plus de quelque synthèse, étant
donné que de nouvelles perspectives sont ici apportées
qui ne coïncident pas nécessairement avec celles
exposées antérieurement.1522 On dira que les grandes
lignes ont pu évoluer mais que nos analyses de documents
et nos références bibliographiques, quant à elles,
restent largement valables. On relira donc nos travaux
passés à la lumière de ces nouveaux développements. Le
terme néo-centurique que nous utilisons
indidictionnireque que selon nous il y eut d’abord un
centurisme axé uniquement sur les quatrains publiés par
Nostradamus.
Nous avons regroupé nos recherches
néo-centuriques en deux volets : le premier concerne les
difficultés qui s’offrent à la recherche
nostradamologique et le second aborde la façon dont le
corpus centurique s’est constitué et consolidé. La
lecture de ces études exige de la part du lecteur
l’acquisition d’un certain bagage qu’il pourra C trouver
dans l’ »Historique des
éditions des Prophéties de Nostradamus (1555-1615) »
que Patrice Guinard a publié dans le
cadre de cette même revue (n° 129, 2008) et qui reflète
assez bien les positions dont nous menons ici une
critique et une déconstruction systématique.. Nous avons
largement recouru pour notre part, tout au long de notre
exposé au
Répertoire Chronologique Nostradamique
de Robert Benazra que nous avons édité en 1990. Le
corpus nostradamique nous fait songer à l’Hydre de Lerne
que dut affronter Hercule et il nous a semblé heureux de
renouveler nos assauts, au travers de chaque étude,
visant chaque fois une nouvelle tête. En ce qui concerne
les documents eux-mêmes, nous n’en avons reproduits que
quelques uns. Mais de nos jours, une très grande partie
des documents nostradamiques ont été numérisés sur
différents sites, notamment celui de Mario Gregorio –
propheties.it- ou sur celui de Patrice Guinard-
cura.free.fr sans parler du site « gallica » de la BNF.
Ce travail a déjà fait l’objet d’une
publication papier dans la revue RFHL (Revue Française
d’Histoire du Livre). Mais de nouveaux développements
ont eu lieu, entre temps, que nous résumerons d’entrée
de jeu car ils constituent une articulation qui confère
à l’ensemble une plus grande cohérence, du fait
notamment de certaines données que nous avons reprises
de notre thèse d’Etat, Le Texte Prophétique en France.
Formation et Fortune (site propheties.it). On pourrait
résumer la thèse ainsi placée au centre de notre propos
de prophétisme régentiel. De quoi s’agit-il ? De se
demander pourquoi certains textes prophétiques
paraissent ou plus souvent reparaissent à certaines
dates, en certaines années. Nous soutenons que l’un des
moteurs de ces rebondissements de la littérature
prophétique en France est l’émergence d’un souverain en
bas âge, du fait de la mort précoce de son prédécesseur,
père (dans le cas de Louis XIII, de Louis XIV ou de
Louis XV) frère.(dans le cas de Charles IX) ou de la
captivité d’un père (dans le cas du fils ainé de
François Ier). Cela circonscrit très précisément, à un
an près, l’année de parution ou de reparution d’un
certain nombre de pièces, souvent regroupées en recueil.
Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il n’y aura pas de
réimpression entre temps, dans les années qui suivent
mais elles seront fonction de cette motivation première
et il faudra une nouvelle échéance au niveau d’une
régence pour qu’un nouvel élan prophétique ait lieu.
Sous ce nouvel angle, la préface à César s’inscrit dans
une telle logique, celle du jeune enfant et il est
probable qu’une telle transposition ait existé, entre le
XVIe et le XVIIIe siècle, constituant ainsi une
tradition prophétique qui eut l’heur de retrouver un
contexte récurrent à de nombreuses reprises. La fin de
la monarchie héréditaire allait évidemment mettre fin à
une telle convergence entre texte et politique mais il
faudrait d’abord considérer le cas du XIXe siècle au
regard des familles régnantes ( Bourbon, Orléans,
Bonaparte). Précisons que notre analyse ne se limite pas
aux centuries, ce qui serait insuffisant. Elle englobe
également dès avant le centurisme le cas du Mirabilis
Liber, dans les années 1520 et ses rééditions sous le
titre de Recueil de Prophéties et Révélations Modernes,
qui suivent également ce schéma régentiel du moins
jusque dans les années 1640, sachant que nous disposons,
pour le XVIIe siècle, d’une série de volumes comprenant
les deux documents conjointement. En 1866, à la fin du
second empire, une réédition du diptyque, augmenté des
Prophéties Perpétuelles de Moult (1740), qui ne sont pas
sans rapport, au demeurant, avec la genése de la Préface
à César (« perpétuelles vaticinations » dont on n’a pas
conservé d’édition signée Nostradamus) aura lieu mais
qui semble ne tenir qu’au troisiéme centenaire de la
mort de Nostradamus. En ce qui concerne le Mirabilis
Liber, la dimension régentielle tient à un passage du
chapitre 6 de la « seconde partie » : »sa mère tiendra
la monarchie »(Comment par la révélation de Saincte
Brigide l’Eglise sera troublée au temps de Maximilien
par les François »./(à rapprocher du chapitre IX dont le
chapeau renvoie à l’an 1642 dans les éditions du XVIIe
siècle, ajout par rapport à l’édition de 1561) et que
nous rapprochons du cryptogramme qui cloture certaines
éditions des Centuries du XVIIe siècle avec pour ligne
de mire 1660.
JHB
01. 12.11
Vers une nouvelle approche de la bibliographie
centurique
Il y a une vingtaine d’années
paraissaient deux importantes bibliographies consacrées
à Nostradamus.
La méthode d’investigation et de description de leurs
auteurs consistait en un recensement et à une
localisation des documents, ce qui impliqua de procéder
à des enquêtes, bibliothèque par bibliothèque, pays par
pays, non sans quelques lacunes, notamment du côté des
Pays-Bas (Utrecht, La Haye). Le critère choisi était
simple : tout imprimé portant le nom de Nostradamus
pouvait entrer dans une telle bibliographie. On peut
regretter que l’on ait ainsi laissé de côté toute une
série d’ouvrages recourant à une iconographie évoquant
assez nettement la littérature nostradamique, on pense
notamment aux publications des Coloni.
À
partir d’une telle recension qui permettait de ne plus
se contenter de descriptions de seconde main, issue de
bibliographies comme celle de Brunet, d’avoir
directement accès au contenu, page par page, des divers
ouvrages, les auteurs se contentèrent de les ranger
année par année, selon les indications chronologiques
complaisamment fournies sur les pages de titre ou à la
fin des épîtres. On pouvait espérer que vingt ans après,
un vrai travail de bibliographie critique aurait été
mené, que les premières mises en question des éditions
datées de 1566 et qui avaient fixé l’attention des
nostradamologues du XIXe
siècle (Henri Torné-Chavigny, Anatole Le Pelletier)
auraient porté leurs fruits et que l’on aurait scruté
avec la plus grande vigilance les éditions prétendument
les plus anciennes, à savoir celles portant des dates
contemporaines de la vie de Michel de Nostredame. On
pouvait également s’attendre à ce que les biographies
consacrées à Nostradamus fassent preuve d’une certaine
prudence quant à l’insertion dans leur discours de
données bibliographiques douteuses.
En 2003, pour célébrer le 500e
anniversaire de la naissancce de Nostradamus, plusieurs
colloques (à Salon-de-Provence, à la BnF, notamment) et
diverses publications (celles de Drévillon et Lagrange,
de Petey-Girard, etc.)
eurent lieu qui firent très peu état de certains
questionnements. Ajoutons les ventes publiques de
nostradamica
(catalogue Swann, New York, du fonds Ruzo, et plus
récemment, à Paris, catalogue de la librairie Thomas
Scheler, avec une introduction de M. Scognamillo). On
trouvera davantage d’échos quant aux polémiques sur
certains sites consacrés à la recherche
nostradamologique, comme celui de Robert Benazra (
ramkat.free.fr), de Patrice Guinard (Cura.free.fr), de
Mario Gregorio (propheties.it, en anglais)
ou encore sur le forum
fr.groups.yahoo.com/group/nostradamus/messages/4509
-.
Or, force est de constater que la
recherche piétine, stagne et qu’au bout du compte, la
progression depuis les années 1989-1990 est difficile à
discerner, en dépit du fait que certaines critiques ont
été portées, depuis plus de dix ans, à la connaissance
du milieu des chercheurs, dont on n’aura finalement
guère voulu ou daigné tenir compte. Le seul changement
important, comme nous le laissions entendre plus haut,
le seul changement significatif aura été – mais cela se
produisit bien avant 1990 – l’abandon du modèle « 1566 »
et l’adoption du modèle « 1568 ». Le critère avancé est
celui du nom du libraire, lequel n’aurait exercé qu’à la
mort de son père, à la fin du siècle. Mais l’on sait que
cette contrefaçon date du XVIIIe
siècle (cf. les notices de Chomarat et de Benazra). Elle
poursuivait d’ailleurs un but assez louable, consistant
à en revenir aux deux premiers volets, en se défaisant
du troisième, ce qui correspondait à ce que nous avons
appelé le courant critique du XVIIe
siècle, inauguré par le dominicain Giffré de Rechac dans
son
Eclaircissement
de 1656
et reprend d’ailleurs les éditions Benoist Rigaud 1568.
Ce serait donc par erreur que le nom de Pierre serait
apparu, du fait que des éditions sous le nom de Pierre
étaient bel et bien parues, fort semblables à celles
portant référence à Benoist (cf. RCN, p. 148), les
faussaires du XVIIIe
siècle étant mal renseignés sur la généalogie de cette
famille de libraires lyonnais de la seconde moitié du
XVIe
siècle, et ce d’autant que ces éditions Benoist ou
Pierre Rigaud étaient, selon nous, en elles-mêmes, des
contrefaçons, mais cette fois de la fin du XVIe
et du début du XVIIe.
L’idée est lancée, celle de générations successives de
faussaires – mais pas forcément œuvrant de concert – et
ce déjà du temps de Nostradamus jusqu’à nos jours, si
l’on considère que le travail des dits faussaires est
entériné par des chercheurs contemporains, lesquels s’en
font, objectivement, les complices et les successeurs,
trouvant, le cas échéant, de nouveaux arguments pour
perpétuer une malversation de la chronologie du texte
centrique...
Il est d’ailleurs dans la démarche même
de l’éditeur de contribuer à fausser, peu ou prou, nos
représentations notamment dans le cas de rééditions,
permettant à un texte de suivre une nouvelle carrière,
des décennies voire des siècles plus tard. La notion
même de fac simile, de reprint, peut porter à confusion.
La possibilité de reproduire à l’identique des documents
est intimement liée à l’essor des techniques
d’impression, de gravure, tant et si bien que
l’établissement scientifique de chronologies semble de
plus en plus aléatoire. Nous verrons que les faussaires
sont souvent victimes d’un excès de documentation plutôt
que d’un manque et qu’ils se perdent souvent eux-mêmes
dans l’accumulation des données accumulées. C’est
précisément la source de toutes sortes d’erreurs
susceptibles de faciliter notre chasse aux faux.
Nous mettons, d’entrée de jeu, en garde
le lecteur : nous sommes dans le domaine des
chronologies fictives. Il ne s’agit pas là d’une
contrefaçon d’un document donné mais de la contrefaçon
de tout un processus, un enchainement d’éditions ainsi
plus ou moins heureusement orchestré, mais selon divers
scénarios relatifs au passé, qui se chevauchent et se
contredisent, ce qui exige une méthodologie et une
formation spécifiques de la part du chercheur. Nous
sommes dans le domaine de la reconstitution du passé au
regard du présent non seulement au niveau du signifié (interprétation,
glose) mais du signifiant (production de documents
retouchés, fabriqués)
Itinéraire d’une recherche
nostradamologique 1985-2011.
En 1990, quand nous publiâmes le
Répertoire chronologique nostradamique
de Robert Benaza, nous avions établi nous-mêmes le titre
de l’ouvrage en introduisant l’adjectif « nostradamique »
alors que venait de paraître une
Bibliographie Nostradamus
de Michel Chomarat.
Sur la quatriéme de couverture, nous
écrivions, il y a donc plus de vingt ans : « Maître
Michel Nostradamus (…) a certes composé des almanachs,
des pronostications et des prophéties. Cependant, les
spécialistes discutent encore à propos des textes qui
devraient réellement lui être attribués. La littérature
nostradamique comporte en effet aussi bien l’œuvre
proprement dite de Nostradamus que celle de ses
adversaires, incluant les imitateurs et les
commentateurs de telle ou telle partie du corpus recensé ».
On aura compris que le terme « nostradamique » était
sensiblement plus prudent et ce qui nous frappe chez
nombre d’auteurs qui traitent de ce domaine, c’est un
certain manque de retenue et ce, en dépit des mises en
garde, au point de ne même pas/plus prendre la peine
d’avertir le lecteur de l’existence de certains doutes,
sinon en laissant entendre que ceux-ci émanent
d’adversaires fanatiques de Nostradamus qui veulent le
priver de ce qui a le plus de valeur dans son œuvre,
n’hésitant pas à basculer dans une certaine
diabolisation qui s’autorise le recours éventuel à la
diffamation et aux sarcasmes.
Une des premières personnes que nous
réussimes à sensibiliser à la problématique des éditions
centuriques contrefaites fut le Québécois Pierre
Brind’amour, lors de son passage durant de longs mois à
Paris, au début des années 1990, mais aussi en 1992 à
Ottawa, où il demeurait, à l’occasion, d’un Congrès de
la SIEPM. On trouve la trace de nos débats dans
certaines pages de son livre,
Nostradamus astrophile.
C’est alors que les chercheurs furent invités à
collecter des preuves de la parution des Centuries du
vivant de Nostradamus ; et le bilan, depuis lors, est
assez limité. Nous y avons d’ailleurs contribué dans un
premier temps, signalant ici la mention – sans autre
explication d’une « seconde centurie » dans les
Significations de l’Éclipse
qui sera le 16 septembre 1559 (de)
laquelle sera sa maligne extension inclusivement iusques
à l’an 1560, diligemment observées par Maistre Michel
Nostradamus docteur en médecine (..) avec une sommaire
responce à ses détracteurs
,
Paris, Guillaume Le Noir,
et
prenant en compte les
Prophéties
d’Antoine Couillard Du Pavillon
– en date de 1556 - où l’on retrouve des pans entiers de
la Préface à César (datée de 1555) connue pour
introduire le premier volet des centuries, mais sans les
attribuer explicitement à Nostradamus, et sans aucune
mention des quatrains (cf. notre thèse d’État,
p.1060 et ss.)
et puis, surtout, nous avions été frappés en découvrant
– avant Brind’amour
- tant d’extraits des quatrains (toutes centuries
confondues) dans les
Prophéties dédiées à la puissance
divine et à la nation françoise,
Lyon, 1572,
dont le titre ne mentionne pas de nom d’auteur mais que
l’on attribué à Antoine Crespin Nostradamus / Archidamus,
du fait d’un extrait de permission le désignant.
Là encore, ces textes ne sont pas signalés, dans cet
ouvrage, comme étant de Nostradamus. Nous avions été
impressionnés davantage par un passage d’une épître
signée Jean de Chevigny, adressée au Président Larcher,
en tête d’un texte bilingue latin-français, l’original
latin étant de Jean Dorat.
Autant d’éléments qui nous avaient alors conduits à
supposer la parution des 10 centuries autour de 1568 et
a contrario d’en conclure à leur improbable parution du
vivant de Nostradamus, peu après notre communication de
1997 aux Journées Verdun Saulnier, autour du quatrain IV
46
où Tours, la capitale d’Henri de Navarre, était menacée
de la ruine, ce qui situait la première partie (les
premiers quatrains) de la Centurie IV du temps de la
Ligue.
En 2002, nous publiâmes aux
Éditions
Ramkat, dirigée par notre ami Benazra des
Documents inexploités sur le phénoméne
Nostradamus.
Nous y montrions notamment que les deux
épîtres à César et à Henri II figurant dans les
Centuries reprenaient des épîtres du dit Nostradamus en
tête de textes bien différents de celui des Centuries.
En 2003, au Congrès mondial des études
juives, Université Hébraïque de Jérusalem, dans une
communication consacrée à Antoine Crespin, nous
envisagions que les Centuries auraient pu, en partie,
avoir emprunté à Crespin ayant retrouvé dans diverses
publications parues sous son nom des éléments
centuriques, notamment des versets relatifs à Avignon.
En 2004, nous organisâmes à Paris, un colloque
réunissant des universitaires comme Roger Prévost,
Bernard Chevignard ou Gérard Morisse, qui venait de
publier à Budapest une édition des Centuries au nom
d’Antoine du Rosne, 1557, exemplaire de la Bibliothèque
Nationale de Budapest.
Grâce à Robert Benazra et son « Espace
Nostradamus », nous mimes en ligne quelques années
durant plus d’une centaine d’études et des réactions à
celles-ci, notamment en 2003, qui servirent à élaborer
notre post doctorat de 2007 (voir note 5).
Dans notre thèse d’État
de 1999, on trouve la reprise du travail de Chantal
Liaroutzos,
étendue à d’autres ouvrages de Charles Estienne (p. 1129
et ss.), à savoir les
Saints Voyages.
On y présente également (p. 1105 et seq.)
les
Prophéties
de Noël Léon Morgard, lesquelles comportent des sixains,
ce qui pose à nouveau la question des emprunts des
quatrains à certains auteurs de prophéties. Nous y avons
de même abordé la question des mots en majuscules (p.
1041 et seq.), procédé typique dans le
Janus Gallicus
(1594)
et pouvant servir à classer les éditions.
Nous y mettions en question l’authenticité des
Significations de l’Eclipse qui sera
le 16 septembre 1559
(
Présages de Nostradamus,
op. cit., pp 445 et seq.). Nous y montrions également
comment la première
Épître
à Henri II avait pu servir pour réaliser celle qui
figurerait en tête du second volet.
Qu’apportions-nous de plus en 2002 dans
les
Documents inexploités…, en
dehors de quelques reprints (Morgard, Crespin, Présages
Merveilleux 1557) ? Nous y développions notamment la
thèse du « double jeu d’éditions » (p. 12 et seq), les
libraires publiant conjointement une édition « moderne »
censée reproduire une édition plus ancienne qu’ils
produisent – et non reproduisent - également, du moins
dans certains cas.
En 2007, nous soutinmes donc notre post-doctorat,
uniquement centré, à la différence de la thèse d’État,
sur Nostradamus mais aussi sur le XVIIe
siècle. Outre une part importante consacrée à démontrer
la paternité de Giffré de Réchac sur l’Éclaircissement
de 1656, lequel se proposait d’évacuer des éléments
douteux, à commencer par les sixains ; en cela nous en
faisions le précurseur d’une certaine critique
nostradamique. Nous accordions la plus grande importance
à l’édition anglaise de 1672 des Centuries, traduite par
Théophile de Garencières,
qui comportait des variantes par rapport à la préface à
César qui, selon nous, correspondaient à un premier état
disparu de la Préface centurique (p. 303 et ss.). Ce
premier état de la Préface entendait, selon nous,
attester de la parution posthume des Centuries, d’où la
présence du mot « mémoire », synonyme de testament. Nous
avons également montré que les quatrains des almanachs
de Nostradamus reprenaient des termes des prédictions en
prose placées dans les mêmes almanachs (p. 504 et ss.),
nous suggérions que la versification n’avait pas été
l’œuvre de Nostradamus mais d’un collaborateur. Nous
remettions en question la date de parution (1570) de
l’Androgyn, seul document antérieur à 1588 – en dehors
des éditions centuriques, à comporter un quatrain dument
référé (p. 700 et ss.). La comparaison des vignettes
joue un rôle central dans notre approche critique du
« canon » et nous semble avoir bien à tort été négligée
jusqu’alors.
Phénoménologie de l’emprunt appliquée
aux champs astrologique et nostradamologique.
La question de l’emprunt nous interpelle
depuis plus de trente ans, et nous lui avions déjà
consacré une certaine place dans un DEA de linguistique,
dirigé par André Joly (Université Lille III, 1981).
L’ « Emprunt linguistique » est une notion qui nous est
familière de longue date et nous avons préparé deux
mémoires sous la direction du linguiste Louis-Jean
Calvet (Université Paris V, 1987 et 1989), traitant en
grande partie de cette problématique. Cette formation
nous aura été utile dans nos publications consacrées à
l’astrologie et à Nostradamus. Il nous a donc semblé
opportun de proposer brièvement une « phénoménologie de
l’emprunt » suivie des applications de ce concept au dit
champ textologique, lequel selon nous fait partie
intégrante des études linguistiques, lesquelles
devraient intégrer tant l’histoire des langues que des
textes.
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